Dorkbot Paris est en résidence à La Cantine pour 7 mois. Dorkbot Paris en résidence, c’est six Dorkbots à Paris de septembre 2011 à février 2012, présenté et organisé par Julien Dorra. Le format des soirées est habituellement de 3 présentations/démos de 20 minutes chacune, et un OpenDork pour finir, où vous pouvez présenter spontanément en deux ou trois minutes un projet, un évènement, une idée.
En attendant le prochain rendez-vous le 24 novembre, retour sur l’un des dorkbotters : Tomas Laurenzo. Artiste, designer et chercheur, il a présenté sa dernière installation interactive et la méthode qu’il a employé pour la concevoir (Wiimote, retouche d’image…). Il en a aussi profité ainsi que ses précédentes recherches comme Yarmi, un instrument de musique utilisant la réalité augmentée. Mais d’après lui, ce n’est pas seulement l’innovation technique qui fait l’art. Et si nouvelles technologies ne rimaient forcement pas avec art inédit ?
Vous pouvez découvrir son interview et écoutez son intervention dans la vidéo ci-dessous. Pour découvrir le reste de son oeuvre.
Bonjour, pourriez-vous vous présenter ?
Je suis Tomas Laurenzo, j’enseigne à l’Université d’Uruguay. Je suis artiste, designer et chercheur. Pour faire simple, je créé des oeuvres d’art qui vont servir de supports à des articles d’analyses et de recherche. Ce soir, pour Dorkbot, je vais présenter ma dernière installation qui a un arrière fond politique : c’est l’histoire d’une femme qui a été assassiné durant la dernière dictature en Uruguay en 1973. Et je montrerais le reste de mon travail, des instruments de musiques, des installations et des performances visuelles. Ce qu’il y a d’assez unique avec le Dorkbot, c’est que c’est un endroit ouvert où l’on montre notre travail, de façon interactive, pas une conférence ! C’est la beauté du Dorkbot.
Depuis combien de temps fais-tu partie du réseau Dorkbot et en quoi es-tu l’un des «types barrés qui font des trucs bizarres avec du courant électrique?»
Je ne fais pas vraiment partie du réseau dorkbot, mais j’ai déjà montré mon travail lors de 3 dorkbots. A dire vrai, j’ignore s’il y a encore des «trucs bizarres» de nos jours, parce que, finalement, les nouveaux medias ne sont plus si nouveaux que cela. Entre 80 et 90% de ce qui se fait aujourd’hui a déjà été vu dans les années 60 ! Ce ne sont que reinterprétations par les arts digitaux.
Ribbons : a live cinema visual instrument
Parce que tu penses qu’il est devenu plus difficile de créer aujourd’hui que dans le passé ?
On ressent la même chose dans tous les secteurs, pas seulement dans les arts électroniques. Je pense que ce qui rend la création plus délicate aujourd’hui, c’est que, maintenant, nous avons un accès immédiat à ce que les gens font ou ont fait. Il y a vingt ans, il était difficile de savoir si votre projet relevait ou non du déja-vu ou du déjà-fait ! Alors, il est difficile de faire autre chose que de reinterpreter des oeuvres déjà vues sur des nouveaux medias. C’est un véritable problème : les gens recréent une oeuvre sur ordinateur, notamment par la programmation, et ils disent que c’est de l’art. Mais cela suffit-il ?
Alors selon toi, les nouveaux medias ne sont pas forcèment synonyme d’un art inédit ?
Je pense que la beauté des nouveaux medias consiste à rendre explicite quelque chose qui ne l’était pas. Avant, les artistes disaient que toute oeuvre était interactive parce qu’elle avait besoin d’un spectateur pour être complète. C’est vrai, non ? Mais, maintenant, vous pouvez rendre cette interaction manifeste grâce à la technologie. Prenons l’exemple du hasard : les peintres ont toujours utilisé des instruments pour réguler et jouer avec le hasard, le pinceau par exemple dont le peintre ne contrôle pas tous les poils. Mais maintenant, vous pouvez créer quelque chose de totalement incontrôlée, et qui le sera explicitement grâce à la programmation. Je pense que c’est dans ce style «explicite» qu’apparaît un langage artistique véritablement innovant. Mais attention: il y a une sorte de vice dans les arts digitaux, qui consiste à vouloir faire du nouveau juste pour faire quelque chose de nouveau… C’est absurde ! Ce n’est pas nécessairement l’objectif de l’artiste. Auriez-vous l’idée d’aller dire à un peintre : «Des peintures, j’en ai déjà vu, pourquoi vous évertuez-vous à peindre ?»
Dorkbot Paris is at la Cantine for 7 month. Six Dorkbots will take place at La Cantine from Septembre 2011 to february 2012, presented and organised by Julien Dorra. A Dorkbot Festival will take place in march, 10, 2012, with dorkboters from all around the world. Each dorkbot event has 3 presentations taking place, with demos, and an OpenDork for everyone to pitch their project – or any idea – if they want to !
While waiting for the next dorkbot on the 24th of november, we have met Tomas Laurenzo who presented his work at La Cantine. Artist and researcher, he he presented his newest interactive installation and the method he used to create it (wiimote, image processing…). He took this occasion to present some of his work on interactive art, such as Yarmi, a musical instrument using augmented reality. Surprisingly enough, according to him, innovating through technologies doesn’t necessarily mean innovating in art. What if new media were just reinterpretation of ancien art forms ?
You can read his interview and wath his intervention at La Cantine below.
Hi, who are you ?
I’m Tomas Laurenzo, I’m associate professor in the University of Montevideo, Uruguay. I’m an artist and researchers so I work to create an artpiece and writing papers about it. I will be showing here an installation with a political background : it’s about a girl who get murdered in the last dictatorship in Urugay 1973. And I will show some of the rest of my work, musical instruments, my installations and visuals performances.
How long have you been in the dorkbot network and do you feel like one of those «people doing strange things with electricity»?
I’m not really in the dorkbot network, but I already showed my work in three dorkbots. I don’t know if there are «strange things» anymore because the new media is now established. And 80 to 90% of things people are doing have been done before in the 60s’. It’s just a reinterpretation of digital art. But the nice thing about dorkbot is that it is a place to show things, not a conference. It’s very interactive ! That’s the beauty of dorkbot.
You think it’s getting harder to create nowadays ?
It’s the same things in all area, no only electronics. I think what make this quest for creativity harder is that, now, you have immediate access to the things peoples are doing. Twenty years ago, you couldn’t know if people had already done what you were trying to do. It’s really hard to break that cycle of seens things and simple recreation with new technologies. It’s a problem that people are recreating things with processing, for example, and because there done with processing, they say it’s art !
You are saying : new media doesn’t mean new art ?
I just think that the beauty of new media is that it makes explicit things that were implicit before. Before, the artist used to say that all art piece were interactive because they needed the viewer to complete the art piece. That’s true. But now, you can display an explicit interaction with the viewer. Take the example of randomness : painters have used devices to control random things, such as a brush, you can’t control every hair in the brush ! But, now, you can create something that is explicitly random, programmed to be random. I think that’s where a new artistic language appears. But I thinks there’s a vice in new media : people desire new things just for the sake of it. If you are a painter, nobody is going to say to you : I have already seen paintings, why are you painting ?
Pour en savoir plus sur Dorkbot et Tomas Laurenzo :
• Dorkbot